Environnement et Développement Durable, Innovation, Logistique
Faire de la palette, sans casser des oeufs
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1. Contexte
Totalement invisible du consommateur final, elle est pourtant essentielle à l’accompagnement de tous les flux logistique puisqu’elle sécurise les marchandises, facilite les manipulations et délais de traitement… La palette. Or, étant donné qu’elle accompagne les marchandises parfois de l’autre côté de la planète, il existe un modèle de gestion et de développement propre à ce type de produit, dont les incidences sur les professionnels de la logistique sont loin d’être négligeables.
Depuis la création et utilisation de la première palette, à la palette plastique aujourd’hui en plein essor, peut-on évaluer le modèle de gestion le plus performant pour les acteurs du transport, et notamment leur impact environnemental ? Les flux internationaux impliquent de se pencher sur la valeur de cette unité logistique dont l’impact en matière de coûts, d’espace et de délais d’efficience opérationnelle sont importants.
2. Synthèse AFT
La palette classique en bois a joué un rôle fondamental dans la révolution des flux logistiques pour plusieurs raisons. Cette solution de standardisation des unités logistiques pour les opérations de transport a apporté des avantages considérables à l'efficacité et à la fiabilité des chaînes d'approvisionnement.
La palette en bois offre une robustesse et une durabilité historiquement exceptionnelles, qui permettent de supporter des charges importantes pendant le stockage et le transport. Cela se traduit par une réduction des risques de dommages aux marchandises, contribuant ainsi à la fiabilité des opérations logistiques. En outre, la standardisation des dimensions de la palette en bois a facilité l'automatisation des processus logistiques. Les entreprises peuvent mettre en place des systèmes mécanisés de manutention des palettes, accélérant ainsi les opérations de chargement et de déchargement des marchandises.
Cette standardisation facilite l'optimisation de l'espace de stockage dans les entrepôts et les camions, ce qui se traduit par une utilisation plus efficace de l'espace disponible. De plus en plus, les industriels mais aussi les prestataires logistiques s’intéressent aux matériaux de conception des palettes, pour poursuivre une optimisation économique tout en préservant leur impact écologique.
Il faut tenir compte des modèles d’organisation et de l’usage qui est fait de ces palettes dans la durée, pour évaluer et comprendre l’ensemble de leurs « coûts cachés ».
En effet, avec les « palettes perdues » ou palettes à usage unique (souvent pour une activité à l’international), dont l’investissement en matière de résistance est moindre car un transporteur sait qu’il ne la reverra jamais. A l'inverse, il est possible d'opter pour des palettes plus résistantes, avec un taux de casse très faible… quelles sont celles qui auront le meilleur rendement pour les opérations, sans aggraver l’empreinte environnementale des opérations de transport ?
Fabriquée à partir de ressources renouvelables, la palette en bois reste moins coûteuse à produire qu’avec d'autres matériaux. Il existe plusieurs qualités de palette, d’où la mise en place du standard de palette EURO, qui permet en Europe une robustesse supérieure et un taux de casse nettement moindre que sur des palettes perdues. Un autre avantage clé de la palette en bois est sa disponibilité mondiale ; largement utilisée et acceptée dans le monde entier, elle simplifie les échanges internationaux en offrant une solution standardisée et facilement adaptable aux différentes réglementations et normes.
De son côté, la palette en plastique a un cycle de vie 5 fois supérieur, tout en étant plus légère et moins contraignante à l’entretien que sa cousine. Son caractère recyclable contribue à réduire son impact environnemental sur la chaîne logistique, même si le taux de réutilisation se réduit avec le taux à cause de la plasticité grandissante du matériau dans le processus de recyclage. Facile à concevoir, elle est également facilement modulable, tout en restant alignées sur des standards d’utilisation, avec l’ensemble des véhicules de distribution.
Au-delà de la palette perdue, il y a la palette locative, ou les modèles de gestion établis entre transporteurs et chargeurs, afin de jouer sur une « balance » des palettes mises à disposition lors de la préparation de commandes (par le chargeur) et celles retournées après la livraison (par le transporteur). Cela permet d’établir un suivi des coûts engendrés par la gestion des palettes un peu plus juste pour les transporteurs, même si ce sont souvent eux qui porteront la responsabilité de la casse et du coût de renouvellement.
Car en effet la gestion des palettes, c’est avant tout un « coût » pour les opérateurs logistiques. Il faut les entretenir pour maintenir leur robustesse, les tracer pour s’assurer de les retourner à leur propriétaire, rechercher parfois des fournisseurs ou des alternatives en cas de taux de casse/perte important, etc.
Entre le choix de matériau et le modèle de gestion des palettes utilisées, le coût de la palette n’est donc pas anodin, en raison du taux de freinte (car la casse d’une palette peut affecter l’intégrité des marchandises et leur remplacement) et du modèle de gestion contractuelle établi entre les parties prenantes. Bien que le coût des palettes représente généralement moins de 5% du prix de vente d’un produit fini dans la grande distribution, cette valeur moyenne n’est pas négligeable et doit faire l’objet d’une gestion précise pour éviter d’accentuer ce « poids » à cause d’un taux de réutilisation trop faible (quelles qu’en soient les raisons).
Ce coût est porté par les opérateurs logistiques, dont les opérations sont usuellement mises en avant comme « gratuites » ou « offertes » par les grands distributeurs. Raison de plus pour gréver les marges d’un prestataire en cas de pénalités, faute de choix pertinent pour cet équipement crucial de la performance des chaînes d’approvisionnement…
3. Perspectives pour la logistique
Avec le développement des nouvelles technologies, les palettes sont également un gage de traçabilité pour les chaînes d’approvisionnement puisqu’il est possible de les doter de traceurs GPS ou de puces RFID. Cela accélère encore les contrôles ou la fiabilité des opérations, mais augmente la valeur intrinsèque d’une palette. Pour les transporteurs, il est compliqué d’investir dans la gestion d’un parc de palettes, raison pour laquelle les solutions locatives ou l’établissement d’un mode de gestion équilibré avec les chargeurs est essentiel pour garantir la rentabilité des opérations et réduire au maximum les pénalités liées à la freinte.
Or, les opérateurs de transport développent des études d’impact pour évaluer les conséquences de la manipulation de palettes sur leur modèle économique comme sur la santé et sécurité de leurs opérateurs. Rien que dans la filière frigorifique, le transporteur supporte à lui seul 2/3 des coûts globaux de l’échange de palettes.
Pour ce qui est des nouvelles générations de palettes, avec les améliorations apportées au matériau et aux manipulations par les opérateurs, il devient important de mesurer les usages en fin de vie des matériaux plastiques, étant donné leur impact considérable sur la biodiversité, même si les taux de recyclage sont parmi les plus élevés.
Le matériau seul ne suffit donc pas. De plus en plus d’opérateurs logistiques se penchent sur l’amélioration de leurs outils de traçabilité des flux, notamment inverses, pour non seulement améliorer leur rendement et leurs marges, mais surtout diminuer au maximum leur empreinte sur l’environnement. Cela passe par des meilleurs taux de chargement par palette, une meilleure utilisation des véhicules pour le chargement et l’utilisation des espaces au sol, et la maintenance des palettes, avec un pilotage des « stocks de palettes » pour une maîtrise du flux calée sur les opérations.
La meilleure des optimisations pour les flux logistiques étant la suppression des flux, seuls les meilleurs prestataires devraient pouvoir se démarquer en s’assurant de mieux communiquer avec leurs donneurs d’ordre sur les opérations à réaliser. La « digitalisation de la palette » pourrait bien apporter encore plus de visibilité pour intégrer totalement son suivi aux opérations et prestations effectuées, quitte à un jour apparaître aussi dans la valorisation auprès du consommateur final. Peut-être une façon de responsabiliser la consommation à l’échelle internationale ?
Définitions
Palette perdue : palette à usage unique pour le transport et le stockage, destinées à être disposées ou recyclées après une opération. Elles ne sont pas soumises aux normes de traitement antibactériens (sauf en cas de transport d’aliments et denrées périssables).
Palette locative : ces palettes contribuent à l’économie circulaire car leurs défauts sont réparés à chaque rotation, de sorte que la palette réponde toujours aux exigences qualité dictées par des normes strictes (européennes ou américaines pour les modèles internationaux).
Taux de freinte : pourcentage de perte de la marchandise sur les différentes étapes de la chaîne logistique (Supply Chain). On distingue généralement la freinte de route liée à l'opération de transport des marchandises du taux de freinte logistique (ou freinte d'inventaire).
Logistique inverse : aussi appelée « reverse logistics » (issu de l’anglais), elle concerne toutes les opérations liées à la réutilisation des produits et matériaux. C'est le processus de déplacement des marchandises à partir du lieu de livraison final afin de capturer de la valeur additionnelle ou les éliminer de manière appropriée.
Sources
- Publication La chaîne logistique du froid – Le livre noir de la palette
- Blog La palette rouge (LPR) – Les coûts cachés de la gestion de palettes
- Blog logistique pour tous – La palette, un outil indispensable pour tous
- Blog transporteur rentable – Comment gérer les palettes europe
- Offre de service Epalia - Gestion de parc palettes pour les prestataires logistiques
- Blog Axess industries – Pourquoi et comment choisir une palette plastique
- Blog Naeco – Palettes réutilisables et logistique inverse