World energy outlook - Octobre 2020

Environnement et Développement Durable, Prospective et innovation

Pour un "monde d’après" plus durable

Publié le

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a publié, mi-octobre, la dernière édition de son rapport "World energy outlook" (WEO)* dans lequel elle encourage des politiques énergétiques ambitieuses. Même si le confinement général a engendré une baisse significative des émissions de CO2, un retour à la normale s'accompagnera forcément d'une reprise de ces émissions. « Malgré une baisse record des émissions mondiales cette année, le monde est loin d'en faire assez pour les réduire de manière décisive » analyse Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE. 

Selon l'AIE, la demande énergétique mondiale devrait baisser de 5% en 2020, les émissions de CO2 liées à l'énergie de 7% et les investissements énergétiques de 18%. C’est la raison pour laquelle elle a décidé d’inclure à ses projections à 10 ans une nouvelle hypothèse qui prend en compte l’impact d'une épidémie qui dure dans le temps sur l'économie mondiale, et montre comment la réponse à la crise sanitaire peut remodeler l'avenir de l'énergie.

Le rapport estime que la mise en place de politiques énergétiques conséquentes peuvent lutter efficacement contre les effets de la crise, notamment en encourageant la croissance économique, en créant des emplois et en réduisant les émissions de CO2. Elle cite aussi plusieurs pays qui ont d’ores et déjà intégré dans leur plan de relance économique des mesures énergétiques ambitieuses à travers le monde : l'Union européenne, le Canada, la Corée ou encore la Nouvelle-Zélande.

Dans le scénario qui prend en compte ces annonces par les différents gouvernements, la demande mondiale d'énergie retrouvera son niveau d'avant la crise au début de l'année 2023, le pétrole étant l’énergie la plus impactée. L'utilisation du pétrole pour le fret et le transport sur de longues distances varie en fonction des perspectives de l'économie mondiale et du commerce international mais la pression la plus forte vient de son utilisation comme matière première dans le secteur de la pétrochimie, avec une demande de plastiques qui continue à croître malgré les politiques de recyclage mises en place. Les changements de comportement résultant de la pandémie vont dans les deux sens : certains, comme le travail à domicile ou le fait d'éviter les voyages en avion vont dans le sens de la transition énergétique alors que d’autres comme la méfiance d’utiliser des moyens de transports collectifs, la popularité croissante pour les SUV et le remplacement plus tardif des véhicules anciens vont à l’encontre d’un développement plus durable.

Dans la prochaine décennie, si nous voulons parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050, les moyens de production à faibles émissions devront fournir près de 75% de la production d'électricité mondiale (environ 40% en 2019) et plus de 50% des véhicules vendus devront être électriques (seulement 2,5% en 2019). En revanche, dans tous les scénarios envisagés, les énergies renouvelables joueront un rôle prépondérant et devraient représenter 80 % de la croissance de la demande mondiale d'électricité d’ici 2030. Ce déploiement doit s'accompagner d'investissements solides dans les réseaux et infrastructures de stockage, pour une fourniture fiable et sécurisée de l'électricité.

*IEA (2020), World Energy Outlook 2020, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2020