Séminaire CSTL : « Mécanisation, automatisation, robotisation de l'entrepôt : pratiques et enjeux

La révolution de la logistique industrielle 4.0

Une première intervention menée par Monsieur Bréthe, enseignant spécialisé en robotique à l'ISEL- Institut Supérieur d’Etudes Logistiques situé au Havre, a permis de revoir l’évolution de la logistique en relation avec les innovations techniques depuis le cheval à vapeur jusqu’ à la révolution digitale que l’on nomme désormais « la révolution de la logistique industrielle 4.0 ».

La logistique 4.0 est une évolution de la logistique traditionnelle qui intègre les technologies du numérique et l'automatisation pour améliorer l'efficacité, la visibilité et la flexibilité des opérations logistiques. Elle repose sur des technologies telles que :

• l'internet des objets- IOT
• l'intelligence artificielle -IA
• la robotique et la réalité augmentée

Elle vise à optimiser les processus logistiques, à réduire les coûts, à améliorer la qualité du service et à répondre plus rapidement aux besoins des clients.

On considère que la digitalisation de l'ensemble des processus de production dans l'entrepôt ne représente que 30 % des activités, les autres 70 % des processus étant représentés par des tâches faites par l'homme. Les évolutions à l’œuvre devraient, d’ici 10 ans, aboutir à l’inverse.

L’idée de toutes ces évolutions est de recentrer l’homme sur des tâches à valeur ajoutée et moins pénibles. Ces évolutions transforment considérablement le travail et les emplois traditionnels de la logistique, elles s’accompagnent de l’émergence de nouveaux métiers : design machine, ergonomie, programmation informatique et maintenance robotique.

Pour monsieur Brethé une révolution chasse l’autre et certains posent déjà les bases de ce que pourrait être la révolution 5.0, à savoir une révolution visant cette fois à englober toutes les problématiques environnementales liées à l’activité humaine et qui pourrait être la révolution de la « décarbonation ».

Visite du site logistique SAMADA MONOPRIX de Moissy Cramayel ou comment passer de la théorie à la pratique

C’est en bus que le groupe a rejoint le site logistique SAMADA MONOPRIX de Moissy Cramayel pour une visite de terrain.

Accompagnés de Monsieur DIOP, responsable de l’entrepôt, les enseignants ont visité le site et échangé avec les professionnels qui ont ainsi pu répondre aux questions nombreuses des enseignants.

Cet entrepôt est l’un des premiers bâtiments logistiques à bénéficier de la certification « carbone neutre ». Cette certification, délivrée par l’organisme américain ILFI (International living future Institute), porte à la fois sur la phase de construction du bâtiment, mais également sur son exploitation pour les 50 années à venir. Qu’il s’agisse de récupération des eaux usées, de production d’électricité via des panneaux photovoltaïques ou d’utilisation d’éclairage LED, tout a été pensé pour obtenir la meilleure performance environnementale.

Ce site de 100 000 m² traite la logistique non alimentaire du groupe Monoprix, il se veut un outil permettant d’accompagner la croissance du groupe. Il permet à Monoprix, notamment grâce à l’intégration de technologies comme la RFID (Radio Frequency Identification), d’augmenter les capacités de stockage de son site e-commerce, d’accélérer significativement le délai de traitement des commandes et d’améliorer la qualité de son service clients.

Les enseignants ont pu ainsi voir les installations automatisées et les équipements de stockage en hauteur qui permettent d’optimiser l’espace et l’empreinte au sol et ont découvert en action les robots (Exotec) guidés en temps réel qui se déplacent dans les trois dimensions.

Pour le préparateur de commandes, le travail est ainsi simplifié puisque ce sont désormais les marchandises qui arrivent à lui. Ce système renforce la capacité de production d’une manière significative en améliorant notamment les performances liées à la préparation des colis.

Intervention du groupe MECALUX

Le séminaire s’est poursuivi avec l’accueil de l’entreprise Mecalux représentée par Messieurs Franck Michel et Yoan Winnykamen.

Mecalux, spécialiste des systèmes intralogistiques, est un acteur très connu dans le secteur pour ses solutions de stockage, ses logiciels de gestion d’entrepôts et ses systèmes d’automatisation.

Reprenant le principe des études de cas, nos intervenants ont mené une séquence basée sur l’interaction et la participation des enseignants via le jeu des questions-réponses, leur permettant d’appréhender les différentes phases d’un projet, en partant du recueil des besoins jusqu’à la recherche de solution adaptées.

Très satisfaits de cette séance, les enseignants ont pu exposer leur souhait de prolonger l’expérience en bénéficiant de logiciels de démonstration et de bases de données fictives leur permettant de simuler des problématiques de gestion d’entrepôt. La mise à disposition de tels outils leur permettrait de proposer aux étudiants des exercices basés sur la résolution d’études de cas. Leur demande a été entendue et une recherche de partenariat va être mise à l’étude.

LA ROBOTISATION, L’EMPLOI ET LA PENIBILITE EN LOGISTIQUE

Enfin, nous avons conclu ce séminaire avec l’intervention de Monsieur Jean-David Attal, fondateur de l’entreprise de conseil Fractal qui a pu déployer son analyse autour des questions liées à la robotisation, l'emploi et la pénibilité en logistique. 

Son intervention a consisté essentiellement en un retour d’expérience sur les multiples projets en intralogistique basés sur la mise en place de systèmes automatisés qu’il a pu mener, tant comme concepteur que comme fournisseur. Il a pu présenter les différentes typologies d’entreprises qui peuvent être intéressées par des solutions d’automatisation, qu’il s’agisse de logistique de distribution ou de production.

Ces entreprises font cependant face aux mêmes constantes :

• La réduction de l’accidentologie (450 000 chariots élévateurs / 850 000 caristes / 7500 accidents / 9 décès)
• La nécessaire amélioration des conditions de travail des opérateurs (contraintes physiques et réalisation de tâches répétitives)
• La réduction des temps de cycle (diminution des temps de préparation des commandes ou de livraison des ordres de fabrication)
• La contrainte de place (gestion optimale des surfaces)

Monsieur Attal met ainsi l’accent sur la nécessité de penser systématiquement à étudier l’option d’une automatisation totale ou partielle, en conjonction avec les impacts sur les bâtiments et sur la consommation d’énergie, dès la création d’un nouvel entrepôt ou d’une nouvelle usine.

Grâce aux avancées techniques concernant l’automatisation, certains entrepôts fonctionnent avec très peu d’opérateurs. Le stockage, la dépalettisation, l'entrée en stock, la préparation des commandes, la palettisation des commandes et leur expédition pouvant être automatisés en totalité, ou en partie, selon les objectifs et stratégies établis.

Si l’automatisation peut donner à penser dans un premier temps qu’elle est néfaste pour l’emploi, on constate en changeant d’échelle que très souvent elle sert d’abord à permettre le développement d’un modèle commercial qui n’existerait pas sans elle :

• Promesse de délai
• Livraison à domicile
• Personnalisation des produits
• Reprise
• Réparation

Soit autant d’activités qui créent de l’emploi.

Par son exposé, Monsieur Attal démontre que contrairement aux idées reçues, l’automatisation et la robotisation accompagnent la création d’emploi :

1. Par la création de nouvelles activités et par le maintien de l’activité existante
2. Par la conciliation emploi, conditions de travail et forte protection sociale
3. Par la suppression des postes et des tâches pour lesquels on ne trouve plus de candidats
4. Par la contribution à l’élévation de l’attractivité de la logistique

Grâce à ce séminaire CSTL  les enseignants ont pu bénéficier de partage d'expérience et d'apport d'information qui pourront être mis à profit sans aucun doutes dans leur accompagnement des étudiants