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Blockchain vs Black chain
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1. Contexte
La première Blockchain est apparue en 2008 avec la création de la monnaie numérique, le Bitcoin. Une Blockchain peut être publique ou privée et s’assimile à un livre comptable, anonyme et infalsifiable dans lequel toutes les entrées d’information sont accessibles et vérifiables par les acteurs qui y contribuent.
Ce concept, novateur dans l’univers des entreprises, est particulièrement novateur puisqu’il implique une collaboration en toute transparence et confiance entre prestataire et client et ce sur les différents niveaux d’une Supply Chain. Il s’agit donc d’une technologie pour laquelle les logisticiens se sont très rapidement intéressés pour en maîtriser les avantages et inconvénients.
Il est possible d’utiliser la technologie Blockchain sur de nombreuses applications, comme l’industrie, la gestion des flux, l’information… En développant cette technologie de manière constructive avec tous les acteurs d’une même chaîne d’approvisionnement, il est alors envisageable d’accélérer l’accès aux informations, de garantir une meilleure qualité des données transmises et proposer une meilleure fiabilité de service.
De son côté, le terme « black chain » n’a été créé que très récemment (2020) pour définir tout ce qui ne se voit toujours pas dans le déroulé des opérations de la Supply Chain, c’est-à-dire le manque de visibilité ou de traçabilité sur les flux d’information et de produits. L’objectif est donc d’utiliser la technologie Blockchain pour pallier ce manque de visibilité. Il est envisagé de développer de nouveaux outils pour accompagner et enregistrer des informations en continu pour alimenter la base de données que représente la Blockchain, renforçant alors les capacités analytiques des acteurs.
2. Synthèse AFT
Le mot Blockchain, au-delà d’être à la mode, a révolutionné la façon de lire les informations avec les systèmes d’information existants. Jusqu’à présent, les développements de solutions informatiques étaient tournés sur la création et la maîtrise d’un flux d’information de façon quasi-linéaire et entre deux acteurs. Pour toutes les entreprises clientes, il s’agissait avant tout d’avoir une totale maîtrise de leurs informations, d’établir une protection interne des données puis de promouvoir leur modèle ou leurs outils à des clients pour démontrer un niveau de service et une fiabilité supérieure dans leurs réalisations.
Ce que change la Blockchain, c’est que les clients ont désormais accès directement aux informations, et plus seulement au résultat des opérations réalisées par leurs prestataires. Mais au-delà d’un contrôle quasi instantané des opérations qui sont numérisées dans la blockchain, il y a de nombreux intérêts pour les opérateurs eux-mêmes, puisqu’en collectant davantage d’information tout au long de leurs opérations, il est possible de réaliser de nouvelles économies : meilleurs taux de chargement, optimisation des tournées ou des trajets, fluidité des processus administratifs, etc.
De très nombreuses expérimentations et applications de la Blockchain ont donc déjà eu lieu et sur divers domaines, prouvant qu’il n’existe à ce stade aucune limite pour la logistique : du luxe au pharmaceutique, en passant par les industries lourdes, l’immobilier, etc.
Comment fonctionne le concept de Blockchain :
Chaque « transaction » numérique réalisée par l’un des utilisateurs ou objet intelligent d’un réseau est regroupée en bloc. Ces blocs sont validés selon une technique qui varie avec le type de Blockchain mis en place, généralement via la résolution d’un problème algorithmique afin d’en assurer l’intégrité. Une fois validé, ce bloc d’informations est horodaté et ajouté à la chaîne de blocs, la Blockchain donc, qui est alors visible de tous les acteurs du réseau, impossible à supprimer.
Pour mettre en place une Blockchain, il faut donc :
- Un certain nombre d’acteurs, tournés vers une collaboration en toute transparence autour des processus qu’il leur faut piloter et améliorer,
- Une maîtrise de la technologie et une grande capacité de stockage des informations,
- Une règle d’encodage du système de validation des blocs (également appelé « proof of work »).
Mais à ce stade, il s’agit de l’approche théorique de mise en œuvre. Puisque pour alimenter ensuite la Blockchain, il faut des informations. Qu’elles soient saisies par un(e) opérateur/trice, par un système d’information automatisé ou déclenché par des capteurs intelligents et connectés, c’est toute une architecture qui doit accompagner cette modélisation.
C’est de là que sont créés de nouveaux produits et notamment le développement de « l’internet des objets ». C’est à partir de ces déclinaisons et la collecte de ces informations complémentaires que la blockchain remplit tout son rôle d’amélioration de l’existant. Dans l’exemple du webinaire de Supply Chain village, le projet a mené deux partenaires sur un projet de traçabilité de la chaîne du froid, Carrefour et IBM, à concevoir un nouveau type de palette : la « Smart Green pallet » (palette verte et intelligente).
3. Perspectives pour la logistique
Les palettes, contenants et tout objet dit « intelligent » (connecté à internet), permettent aujourd’hui d’apporter une multitude de nouvelles informations aux acteurs de la Supply Chain. L’objet connecté transmet des informations en permanence tout au long de son parcours, à l’aide des réseaux disponibles (4G, 5G, etc.). Ces informations peuvent concerner la géolocalisation, les possibles impacts, changements de température, poids… mais également les étapes de transaction, des manipulations imprévues, le passage sous portiques, etc. Les usages sont donc infinis dès lors que l’on sait ce que l’on souhaite récolter et que l’on maîtrise les supports de collecte des informations.
Un autre atout important de ce projet entre Carrefour et IBM est d’avoir conçu une palette écologique, destinée à être réutilisable et recyclable aussi longtemps que possible. La traçabilité des palettes elles-mêmes, étant donné le coût qu’elles représentent, est un aspect non négligeable des Supply Chain modernes. En faire des objets connectés a donc un double intérêt stratégique : savoir où se trouvent les produits à tout moment et prolonger considérablement leur durée de vie.
Pour les logisticien-ne-s, cela signifie une meilleure maîtrise des flux : les produits qui circulent comme ceux qui sont en stock sont immédiatement identifiés et des règles d’alerte permettent de piloter en temps réel les besoins de remplacement, les changements de stratégie, etc.
Comme le montre cet exemple de la « Smart Green pallet », il est possible d’aller encore plus loin, en maîtrisant également la conception des objets intelligents, en optimisant le recyclage ou en réduisant les gaspillages de conception. La standardisation et systématisation de ce type de produits connectés permet d’améliorer les unités de conditionnement, de chargement et prévenir la perte ou casse tout au long d’un trajet.
Jusqu’à présent, une palette de produits était anonyme au sein d’un camion ; désormais elle possède une identité propre, qui pourrait être déclinée au carton voire au produit lui-même selon sa valeur. La seule limite pour l’instant à cette déclinaison universelle est le coût de fabrication pour incorporer une technologie sur chacun des objets ou contenant, mais des études sont déjà lancées et probablement appuyées par l’utilisation de la blockchain, pour réduire toujours davantage ces coûts tout en renforçant fiabilité et qualité des produits.
4. Définitions et concepts
Blockchain : technologie de stockage et de transmission d’informations. Elle est totalement transparente à tous les acteurs qui l’utilisent, sécurisée en étant indépendante de la maîtrise des acteurs et totalement interconnectée. Elle fonctionne sans organe central de contrôle. Cette « base de données » est partagée par ses utilisateurs sans intermédiaires et permet ainsi à chacun de vérifier la validité et l’intégrité de la totalité d’une chaîne d’information.
Black chain : concept inventé début 2020 pour faire référence à tout ce qui n’est pas visible durant le cycle logistique. Ce sont les informations de traçabilité continue qui manquent actuellement au suivi des produits, puisque jusqu’à présent on pointait surtout les produits, palettes, etc. aux points d’expédition et de réception, avec des informations saisies ou confirmées par des opérateurs.
Internet des objets : interconnexion entre internet et des objets, des lieux et des environnements physiques. Ces derniers « communiquant » des informations numériques sur le réseau pour accumuler de nouvelles connaissances et savoirs.