Emploi, Logistique, Prospective et innovation, Transport
Quels besoins en emplois & compétences demain dans le Transport et la Logistique ?
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Cette étude porte notamment sur l’identification des compétences qui permettront de répondre aux enjeux et mutations qui traversent les filières clientes des prestataires de transport et logistique, et celles susceptibles d’accompagner activement les objectifs de performance intrinsèque de la filière identifiés par France Logistique : amélioration de la performance logistique, modernisation des entrepôts et des véhicules, développement des technologies de l’information appliquées aux marchandises et à leur sécurisation, meilleure gestion des flux, utilisation de modes massifiés, amélioration de la performance sociale.
Le dispositif méthodologique s'est basé sur l'analyse des documentations stratégiques/prospectives des branches/filières clientes, et la réalisation d'entretiens et l'animation de groupes de travail avec des représentants de branches professionnelles, prestataires de transport et logistique, chargeurs, équipementiers, fournisseurs de solutions, et experts entre autres. Il en résulte une vision croisée des évolutions anticipées de l’emploi dans le secteur par l’ensemble des parties prenantes.
Réorienter les emplois de la supply chain en réponse aux reconfigurations des systèmes productifs
Les produits manufacturés représentent 40% des tonnes-kilomètres du transport intérieur. Le secteur industriel est au cœur d’enjeux de transition écologique, de souveraineté et de compétitivité de l’économie nationale, dont découle un panel de risques et opportunités pour les emplois du transport et de la logistique associés.
Plus que d’autres secteurs, celui de l’automobile est confronté à de profondes mutations, en lien avec la concurrence internationale, le développement de nouvelles motorisations et pratiques de mobilité conduisant à des flux de transport liés orientés à la baisse. Cependant, l’électromobilité génère aussi la circulation de nouvelles matières dangereuses (lithium) qui nécessiteront des prises en charge particulières.
Le verdissement de l’économie conduit d’autres secteurs vers une transition rapide, comme l’aéronautique (impacté en Occident par le mouvement flygskam) et la chimie (croissance de la chimie du végétal). La filière chimie est aussi confrontée à un renforcement des contraintes règlementaires suite à l’incendie à Rouen d’octobre 2019 qui pousse à l’externalisation des prestations d’entreposage, la séparation des stocks, et de nouvelles consignes de sécurité pour le personnel. Dans le secteur pharmaceutique, le médicament biologique occupe une place de plus en plus importante, et requiert une supply chain renouvelée par les exigences de conservation et la personnalisation de ces médicaments d’un nouveau type. La croissance des énergies renouvelables, et en particulier l’éolien, pourrait créer de nouvelles opportunités pour le transport exceptionnel.
Plus de 40% des tonnes-kilomètres transportées par voie terrestre sur le territoire national concernent des produits agricoles et agroalimentaires. Le secteur de l’agriculture est non seulement bouleversé par le dérèglement climatique, mais également par de nouvelles tendances alimentaires (biologiques, locavores, protéines végétales) qui pourraient entraîner une reconfiguration des zones de production, des spécialisations et des pratiques agricoles et qui recomposeraient, en retour, les flux et la nature des besoins en transport. Les évolutions du secteur de la pêche (Brexit, industrialisation des flottes, politique de gestion des ressources halieutiques, aquaculture) sont également susceptibles de réorganiser profondément la supply chain de la filière. A contrario, le développement de biomatériaux dans la construction ou de la biomasse en énergie est favorable à l’accroissement des transports de bois et produits dérivés.
Les fondamentaux démographiques (croissance et vieillissement de la population) maintiennent une forte demande en logements neufs et donc en flux de matériaux de construction (18% des tonnes-kilomètres totales), tandis que l’augmentation des travaux de rénovation (notamment énergétique), et les nouvelles méthodes de production du secteur (fabrication en usine puis assemblage sur site, circularisation des bâtiments, collaboration des intervenants via des processus dématérialisés de gestion de données BIM) changent le marché transport et logistique.
La logistique de distribution se transforme, passant du modèle du seul magasin physique vers le phygital, avec un repositionnement des entrepôts et l’essor de la cyclologistique. De forts développements sont promis à la logistique inverse, portée par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, et la nécessité d’économiser les ressources et favoriser le réemploi, dans tous les secteurs d’activité.
Réinventer les compétences en Transport-Logistique au regard de ces défis
En 2030, 1,8 millions de salariés (soit une augmentation de 20%) exerceront une profession spécifique au transport de fret et à la logistique (dans le compte d’autrui ou le compte propre), auxquels s’ajoutent les emplois « support » (interprofessionnels), répartis comme suit :
Une analyse a été effectuée sur les 7 familles d'emploi ci-dessous :
Opérateur logistique
Le nombre d’opérateurs logistiques croîtra, en dépit de l’accélération des cadences, qui nécessitera une forte capacité d’adaptation.
La flexibilité des opérateurs deviendra déterminante, pour gérer davantage de tâches et s’approprier une organisation évolutive en lien avec l’automatisation grandissante.
L’attention aux détails sera de plus en plus critique, notamment pour améliorer la qualité, assurer la sécurité individuelle, et superviser des machines.
Exploitation logistique
La prévision et la gestion des stocks en temps réel deviendront prépondérantes, ce qui demandera davantage d’aisance dans la compréhension et l’utilisation des outils digitaux.
Le sens du service va s’affirmer dans les années à venir pour rapprocher l’offre des besoins des clients : la logistique passe d’un rôle de support à la stratégie d’entreprise, à celui d’acteur des stratégies commerciales.
Etudes et méthodes
Entre performance exacerbée, coordination multi-acteurs, solutions de plus en plus complexes à implémenter dans des organisations en place, la dimension stratégique du poste prendra sa place au cœur des grands groupes, mais mobilisera des capacités d’analyse plus élevées, tenant compte de plusieurs types d’informations et de facteurs externes.
La proactivité deviendra une compétence de plus en plus reconnue dans la capacité à anticiper les scénarios complexes face à des crises à répétition.
Conduite
Les métiers de la conduite bénéficieront d’une augmentation des effectifs salariés tant que l’automatisation ne les disruptera pas. Leurs tâches feront l’objet d’une transformation du fait de l’adaptation aux aides à la conduite, aux énergies renouvelables, et d’une démarche plus commerciale.
Dans le prolongement de l’acte de vente, on attendra du conducteur qu’il possède davantage de compétences relationnelles, et des aptitudes en termes de communication.
Exploitation transport
Le défi principal des métiers de l’exploitation transport réside dans l’évolution de la transmission des données sur l’ensemble de la chaîne, du donneur d’ordre au client final, et l’interconnexion des systèmes d’information. Il est nécessaire de former dès à présent à l'échange de données informatisées.
Aussi, les compétences managériales deviendront cruciales pour accompagner au changement l’ensemble des conducteurs, dans un mode de relation plus collaboratif.
Système d’informations
Il sera nécessaire à la fois de former les métiers du transport et de la logistique à la digitalisation pour qu’ils soient force de propositions dans la création et l’amélioration continue des outils, mais aussi d’acculturer les profils SI à la logistique.
Ceux-ci devront en effet savoir repérer et prélever les informations nécessaires pour paramétrer et faire évoluer les solutions informatiques utilisées, et faire preuve de pédagogie pour une meilleure appropriation et adhésion de l’ensemble des équipes.
Maintenance
La quasi-totalité des métiers de la maintenance sont face à des bouleversements technologiques à très court terme. L’équipe technique de demain sera restreinte et polyvalente, communiquant avec les autres services et avec plus de familiarité à la gestion de projet.
L’exploitation d’informations et la rigueur seront nécessaires pour optimiser l’utilisation des équipements via des logiciels facilitant la maintenance prédictive. Savoir gérer les risques associés à une situation deviendra crucial pour décliner en entreprise des technologies variées.
Face à de multiples crises (climatiques, sanitaires, géopolitiques…), et à la transformation de l’économie, tous les emplois de la supply chain devront en outre développer des compétences transversales pour plus de résilience.