Environnement et Développement Durable, Logistique
L'avenir est dans la logistique durable
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1. Contexte
L’avenir de la logistique sera vert !
Le secteur est en train de se repenser sur tous les plans pour revoir ses façons d’opérer, limiter son impact environnemental, optimiser ses flux… et tout cela avec un regard qui n’inclue plus seulement le volet rentabilité économique. Depuis plusieurs années les innovations se suivent, les tentatives d’intégrer de nouveaux modèles et de nouvelles technologies permettent aux acteurs du transport et de la logistique d’être partie prenante de la transition écologique.
Mais le contexte international évolue très rapidement lui aussi ; entre le rallongement des Supply Chain, la diversité des offres produit, l’ultra-personnalisation de l’offre au client final et le développement de l’e-commerce qui a fait exploser les flux en milieu urbain, savoir répondre à la demande en limitant son empreinte sur l’environnement relève de l’impossible.
Impossible vous avez dit ? Certainement pas pour les professionnels de la logistique, dont le cœur de métier est tourné vers la satisfaction client bien sûr… et la flexibilité !
Cette synthèse a donc pour objectif de relever un certain nombre de ces actions qui ont porté leurs fruits et sont encouragées auprès de tous les acteurs de la branche.
2. Synthèse AFT
Le transport des marchandises, ce n’est plus une surprise, représente près de 25% des émissions de CO2 en ville. A l’échelle nationale, le dernier kilomètre représente environ 20% du trafic et porte le plus fort impact pour la Supply Chain en termes d’organisation et de coût. C’est donc assez naturellement sur ce volet que s’accentuent actuellement les études et les efforts de recherche pour rendre les opérations plus « vertes ».
La logistique urbaine, c’est la mise en place d’une opération ciblée dans un environnement particulièrement complexe, où les interactions avec de multiples acteurs sont incontournables :
- Des règlementations définies par les pouvoirs publics (autorisation de circuler, espaces de livraison, zones à faibles émissions, etc.),
- Le partage de la voirie avec les autres usagers de la mobilité (transports publics et privatifs, variété des modes entre collectif et individuel, motorisés ou non),
- Une forte compétition installée autour des modalités de livraison (accès produit via un lieu de vente, livraison à domicile, retrait en point colis, etc.).
Si l’on rajoute à cela les capacités structurelles de l’opérateur transport (espace de stockage, distance entre ses commanditaires et les points de livraison, spécificités du parc de véhicule, etc.) et la faible marge de rentabilité des opérations transport, historiquement, dans les opérations de la Supply Chain, la dimension « durable » est donc un véritable objectif en soi pour les dirigeants de sociétés de transport.
Il faut déjà concevoir, et comprendre, que ce ne sont pas les opérateurs de transport seuls qui pourront décarboner leurs opérations.
Ils dépendent pour beaucoup de leurs donneurs d’ordre, d’une organisation et des flux en place et d’une certaine fragilité pour basculer en peu de temps vers de nouveaux modes de transport ou une autre organisation. Par ailleurs, les collectivités territoriales qui pendant longtemps n’avaient que peu conscience des spécificités d’une opération de transport sont en train de s’emparer pleinement de cette thématique et ce au niveau local comme international.
L’un des effets positifs de la pandémie covid-19 pourrait donc être une meilleure reconnaissance de l’utilité sociale du transport et par là-même le besoin de mieux l’accompagner dans ses réalisations au quotidien. On voit ainsi apparaître de plus en plus de rapports et d’études au niveau des grandes agglomérations ainsi qu’au national, pour sensibiliser les personnels des administrations à ces enjeux, mettre en perspective des règlementations qui pourraient être contre-productives à court-terme et négocier davantage l’usage de l’espace urbain avec les acteurs de la logistique pour obtenir en retour des flux mieux optimisés.
De leur côté, les spécialistes de la mobilité pour les marchandises sont aussi en train de revoir leurs pratiques et leurs outils. Une logistique durable, avant de basculer vers des véhicules sans émissions polluantes, peut passer par une variété de solutions permettant une transition plus fluide et moins périlleuse économiquement que de remplacer tout son parc de véhicule. Ainsi, les solutions ne sont pas seulement technologiques, mais également organisationnelles, et pourraient représenter dans les années à venir une nouvelle façon de travailler entre les acteurs du fret.
Enfin, les donneurs d’ordre et autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement, comme le consommateur final, sont eux aussi en train de mieux comprendre les dynamiques qui accompagnent les flux de marchandises. Les indicateurs ESG (Environnemental, Social et Gouvernance) ont été définis pour que les investisseurs, grands groupes et influenceurs du monde économique soient désormais acteurs de la mise en œuvre opérationnelle des autres maillons de la chaîne. Ils démontrent notamment que d’investir dans un fonctionnement plus durable est plus intéressant financièrement à long terme !
Pour les consommateurs, leur sensibilité est grande au niveau individuel et mobilisation éthique, mais elle ne se convertit pas encore toujours dans les actes. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à montrer leur sensibilité à des produits durables ou éthiques, mais maîtrisent moins bien ce que cela implique au niveau logistique lorsqu’ils commandent massivement par internet. Une grande majorité d’entre eux est également contrainte par « le portefeuille » en fin de mois, d’où l’impact majeur du prix sur les autres facteurs de mise à disposition d’un produit sur le marché.
Il y a donc encore des efforts à faire pour toutes les parties prenantes, mais une dynamique est désormais bien engagée, qu’il faut poursuivre massivement et collectivement.
3. Quels outils pour la logistique ?
Concrètement, quelles sont les méthodes pour rendre une logistique plus durable et permettre à tous les acteurs de se positionner rapidement avant de convertir leur parc de véhicule... la réponse n’est pas simple, ni universelle, puisqu’en parallèle le volume de colis continue d’augmenter en parallèle du développement du e-commerce et les clients se sont habitués à une grande flexibilité des prestataires pour leur mettre à disposition des produits.
Dans un premier temps, il y a la redéfinition des opérations pour mieux optimiser les flux : car bien que cela fut déclaré par un groupe comme Amazon dans ses ambitions de développer la livraison partout sur le globe sous 48h, les consommateurs finaux sont loin d’avoir réellement besoin de ce « service ». Encore moins selon la nature des produits commandés en ligne. Une meilleure pertinence de l’usage des opérations « express » permet ainsi de rentabiliser les tournées avec un meilleur taux de remplissage, moins de transport sur les routes et d’assurer une capacité de desserte avec les moyens existants.
La maîtrise de l’information ensuite, reste un élément essentiel de la gestion logistique. Ce n’est pas seulement le choix des outils mais la sélection des données pertinentes, savoir les collecter et auprès de qui, pour mieux définir les opérations. Le constat fait par les autorités publiques comme les opérateurs logistiques c’est que le partage des données entre les parties ne pourra qu’améliorer les flux et la rentabilité (tant économique qu’écologique) des livraisons. En échange d’une meilleure connaissance de la volumétrie entrant dans nos villes, cela peut permettre d’adapter les aménagements de livraison, les espaces de stationnement, les horaires de circulation… autant de facteurs qui ont un coût non négligeable lorsqu’il faut s’adapter aux contraintes d’une conurbation sans vision collective. Bien sûr, la digitalisation des outils et des données est un vecteur d’accélération de ce processus, pour partager plus largement et rapidement les informations disponibles auprès des acteurs concernés.
Une autre manière de partager qui se met en place et s’impose progressivement au paysage des opérations logistiques : la mutualisation des pratiques. Evoquée depuis des années comme un axe évident de rentabilité pour optimiser les espaces, les moyens, les coûts… elle reste cependant dans la pratiques relativement marginale. Les encouragements à l’intermodalité par les pouvoirs publics sont en train d’être renforcés pour ne pas mettre les modes de transport en compétition les uns avec les autres mais les faire collaborer : massifier les flux dès lors que cela est possible et en fonction des modes disponibles.
Là encore, la digitalisation et une meilleure traçabilité des colis, du donneur d’ordre, du transporteur et client final pourrait apporter des solutions en termes de mise en place afin de permettre à des transporteurs de se confier plus facilement du fret à livrer sans y voir un danger de perte de chiffre d’affaires…
Et tandis que le secteur industriel se met en ordre de marche pour rattraper son retard dans la production de véhicules moins polluants, avec des énergies vertes et durables dans le temps, ce seront aux plus gros acteurs du secteur de basculer leurs parcs progressivement tandis que les TPE/PME s’impliquent dans cette transition progressive et structurée.
Sources
- Rapport du Ministère de la transition écologique - Mission Logistique Urbaine Durable
- Article LeMonde – Réduire l’impact écologique du milliard de colis en France
- Article LesEchos – GXO a choisi une technologie d’emballage sur-mesure
- Article Rungisinternational – Transport, la logistique du dernier kilomètre
- Article Timocom – Quels sont les défis de la logistique verte ?
- Article Greenly – Critères ESG : définitions et enjeux
- Publication MIT – “Do consumers care about green commerce?”