Innovation, Logistique
Internet des Objets : outil ou gadget ?
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1. Contexte
En quelques années seulement, le développement des premiers smartphones a révolutionné nos usages. D’un outil prévu pour la communication verbale, il nous permet d’accéder à internet, de lire des documents, télécharger des applications diverses, etc. Ce tout premier « objet connecté » a bouleversé les usages et le développement de la technologie puisque l’on peut désormais flasher des barcodes et accéder à un site web, le menu d’un restaurant, commander un repas à distance… et inversement nos téléphones servent de bornes relais au réseau Wi-Fi, envoient des informations sur nos pratiques et consommations auprès de prestataires de services.
Cet échange d’informations entre le monde réel et virtuel de l’internet constitue l’internet des objets : c’est l’interconnexion entre l’internet et des objets, des lieux ou des environnements physiques. Avec l’expansion des usages par les particuliers, puis la crise Covid-19 qui a amplifié de façon exponentielle les usages numériques au quotidien, notamment avec le télétravail, ce sont de nombreuses nouvelles solutions qui sont en cours de réflexion pour collecter davantage d’information via cette technologie.
Couplé avec d’autres solutions, telles que l’intelligence artificielle ou le big data, l’internet des objets, également appelé IoT (Internet of Things), semble donc promettre une importante révolution des pratiques et des performances de l’entreprise. On estime déjà à plus de 50 milliards d’objets connectés dans le monde, dont le potentiel ne serait pas pleinement exploité selon les experts de l’IoT.
2. Synthèse AFT
Comme pour la blockchain, le big data ou l’intelligence artificielle, le terme « IoT » résonne encore comme un « buzzword » auprès du grand public. Tandis que les salons de particuliers se dotent de boitiers à commande vocale, que les véhicules s’équipent avec toujours davantage d’électronique… il est difficile encore de discerner la différence entre le remplacement d’objets mécaniques vers de l’électronique, et la mise en place d’un « objet connecté ». La grande différence, c’est que ces nouveaux objets sont, comme indiqué par leur intitulé, connectés directement à internet et non à un réseau local, qu’ils peuvent communiquer avec une autre machine ou un système d’information sans intervention humaine et qu’ils peuvent capter et transmettre des données.
Cela signifie que l’IoT filtre et analyse déjà une partie des données qu’il transmet et qu’il agit comme un véritable service : alerter l’utilisateur d’une décharge de batterie ou un besoin de maintenance, la traçabilité d’un objet, la lecture d’un code externe, etc. Dans le monde de l’entreprise, ce sont tout autant d’actions qui sont simplifiées pour les opérateurs puisqu’il n’est plus nécessaire de mettre en place des outils annexes de surveillance ou avoir des outils de planification distincts. Avec des objets connectés, ce sont les équipements eux-mêmes qui alertent les utilisateurs d’une nouvelle information, et donc permettent un gain de temps conséquent sur les opérations de ces derniers :
- Les inefficacités sont détectées plus rapidement (ex. : contrôle du chargement d’un véhicule, consommation énergétique et détection de mouvements)
- Les risques sont minimisés (ex. : bornes de contrôle de sécurité)
- Les processus industriels peuvent être maximisés (ex. : cadence automatisée des transstockeurs et arrêt automatique en cas de blocage ou ralentissement)
- Les coûts opérationnels sont réduits (ex. : contrôle de la température, ouverture, fermeture des portes).
Sans compter les autres avantages liés au fort développement du e-commerce et des nouveaux comportements de consommation : une traçabilité accrue des produits, une communication plus fluide avec d’autres systèmes ou acteurs de la chaîne d’approvisionnement…
L’industrie dite 4.0, c’est-à-dire la révolution du monde industriel au travers de la numérisation des processus, d’une plus forte automatisation et de l’utilisation de nouveaux matériaux, va fortement s’appuyer sur la technologie de l’IoT. Celle-ci répond à des défis importants de compétitivité et d’optimisation des ressources, en renforçant les pratiques existantes puisque les opérateurs peuvent alors se focaliser sur des tâches à plus haute valeur ajoutée.
3. Perspectives pour la logistique
Dans le secteur spécifique de la logistique, les usages de l’IoT sont déjà nombreux, puisque l’on retrouve différents types d’objets connectés tout au long de la Supply Chain, selon l’objectif qu’ils desservent. Le tout premier avantage clef est la visibilité de bout-en-bout. En effet, avec notamment les puces RFID accolée à une étiquette, il est désormais possible de tracer un produit depuis le fournisseur jusqu’au client final, à l’aide de bornes de détection RFID à des étapes clefs et de lecteurs qui vont enregistrer les informations au fur et à mesure de l’acheminement.
Cette traçabilité permet également une réduction des coûts importante puisque l’on contrôle alors mieux les états de stock, renseignés automatiquement, voire réapprovisionnés automatiquement si le système est connecté aux outils de l’entreprise et du fournisseur.
C’est un gain de temps sur les inventaires et un risque d’erreur quasi nul.
Un autre type d’objet connecté logistique est celui qui accompagne et suit « l’état » des produits, tel que les logtag. Ceux-là permettent une optimisation de l’utilisation énergétique d’un entrepôt (ex. : régulation de la température, extinction de la climatisation, etc.), s’assurent de la qualité des produits (ex. : contrôle de température pendant l’acheminement de produits frais) ou alertent les opérateurs en cas de dégradation ou chocs subis avant d’accepter une livraison (ex. : usure des pneus). C’est un gage de qualité supérieur et une réduction des risques de retours, donc une amélioration du service client.
Il est également possible d’utiliser la technologie IoT pour améliorer tous les flux de déplacement (marchandises ou voyageurs) puisque cela permet à des conducteurs d’anticiper la densité de trafic et modifier sa course. Des détecteurs captent le passage des véhicules pour informer les systèmes d’information transport tels que les GPS. Pour les pouvoir publics, à l’inverse, l’enregistrement du passage de véhicules permet de mieux connaître les besoins des usagers et donc d’adapter les équipements ou l’infrastructure en conséquence. Cela permettrait aussi dans les années qui viennent de les connecter au réseau des feux de signalisation pour une régulation « intelligente » du trafic. Cela permettra concrètement de réguler les voies de circulation, de dimensionner des stationnements ou de mieux valoriser des zones commerciales, habitables, etc.
Enfin, l’usage peut-être le plus concret actuellement pour les prestataires logistiques est une amélioration de la performance autour des processus d’automatisation de leurs entrepôts. Les acteurs les plus avancés utilisent la technologie IoT pour une cartographie précise de leur site avec la création d’un jumeau numérique, puis améliorent les flux et l’interconnexion avec leurs équipements automatisés :
- Optimisation du parcours de picking (utilisation de smart tags)
- Meilleure intégration de la robotique
- Amélioration prédictive des logiciels de gestion d’entrepôt (WMS)
Avec le temps et les développements qui continuent de se poursuivre dans le secteur de la Supply Chain, l’IoT est attendu sur des opérations de plus en plus complexes comme la préparation de commandes et l’optimisation des opérations concernant la gestion du dernier kilomètre. Entre optimisation des flux et réduction des délais, cette technologie devrait donc apporter de nombreuses opportunités aux entreprises logistiques, à l’heure où le développement durable et la gestion des ressources sont devenus essentiels.
4. Définitions
Blockchain : Technologie de stockage et de transmission de données numériques selon des protocoles sécurisés et interconnectés, rendant quasi impossible leur modification ou destruction.
Big data : Désigne les ressources d’information dont les caractéristiques en termes de volume, de vélocité et de variété imposent l’utilisation de technologies et de méthodes analytiques particulières pour générer de la valeur.
Log tag : Dispositif qui enregistre les variations de température ou d’humidité, mais également les chocs et dommages subis par un produit ou un emballage.
Picking : Opérations de prélèvement des produits dans l’entrepôt logistique, afin de procéder à la préparation des commandes.
Sources
- Article Synox (Innovate Together) – Tout savoir sur l’internet des objets
- Article Acteos – Internet des objets et pilotage de la chaîne logistique
- Article Mecalux – La révolution de l’internet des objets industriel
- Article blog SSI Schafer – L’internet des objets, une révolution pour la logistique
- Article Invenis – Objets connectés et big data
- Article Transportissimo – Le pneu, point de départ de la connexion