Logistique

La logistique de l'eau : au tuyau ou à la bouteille

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L'accès à l'eau potable est un lien précieux avec le vivant, le premier des besoins primaires que l'Homme a assuré pour vivre. Pourtant, avec l'essor des civilisations modernes, les individus que nous sommes n'ont plus conscience des efforts requis pour y avoir accès, au point d'avoir pris des habitudes étranges de consommation, entre une eau potable et gratuite au robinet, ou des eaux commercialisées et mises en bouteille plastique.

Différentes études sont en train de soulever des impacts sanitaires qui évoluent, pour l'une comme pour l'autre, mais penchons-nous sur le "coût logistique" de ces deux sources de désaltération pour mieux faire nos choix dans les années à venir...

      1. Contexte

L’eau est une source précieuse pour la vie sur terre et l’organisme humain. Avec le dérèglement climatique qui s’accélère par la faute d’une activité croissante depuis le 20ème siècle, il est intéressant, si ce n’est crucial, de s’intéresser aux facteurs de survie des espèces. Cela permet d’identifier comment modifier certaines de nos activités sans mettre en danger ces ressources fondamentales.

En France, nous avons la chance de vivre dans l’un des rares (moins de 10%) pays où boire l’eau du robinet est à la fois sans risques pour la santé et gratuit ! Pourtant, les habitudes de consommation des français indiquent qu’un français sur trois achète des bouteilles en plastiques et que cette tendance va vers une croissance depuis quelques années. Pourquoi cette pratique et quels en sont les conséquences sur les flux logistiques ?

 

      2. Synthèse AFT

En France, l'approvisionnement en eau potable est un processus complexe et rigoureusement contrôlé visant à garantir la qualité de l'eau qui arrive jusqu'aux robinets des foyers. Les deux tiers de l’eau potable produite sont captés dans les nappes phréatiques (réservoirs souterrains d'eau situés à différentes profondeurs), le tiers restant provenant des eaux dites superficielles (rivières, leuves, lacs).

Le processus débute par la captation de l'eau depuis les nappes phréatiques à l'aide de puits ou de forages. Ces installations sont stratégiquement positionnées pour exploiter des sources souterraines de qualité. Une fois l'eau extraite, elle est acheminée vers les usines de traitement des eaux, souvent gérées par des entreprises publiques ou des services municipaux.

L'eau est traitée puis stockée dans des réservoirs de distribution avant d'être distribuée à travers un réseau étendu de canalisations. Ce réseau couvre l'ensemble du territoire, assurant ainsi une distribution équitable et efficace de l'eau potable jusqu'aux communautés locales, via des réservoirs de stockage intermédiaires permettent de pallier les variations de la demande en fonction des heures de la journée. L'eau traitée atteint les domiciles par le biais du réseau de distribution urbain, et c'est au niveau du compteur individuel que chaque abonné mesure sa consommation.

L'ensemble de ce processus est soumis à des normes strictes de contrôle de la qualité de l'eau, régulièrement vérifiées par les autorités sanitaires. Les agences de l'eau et les services de santé publique travaillent de concert pour garantir la sécurité et la salubrité de cette ressource vitale, assurant ainsi la santé et le bien-être de la population française.

En France, l’eau potable domestique ne représente que 20% de la consommation globale, puisque 35% est utilisée pour l’industrie et l’électricité, et 45% pour l’agriculture.

L’usage de bouteilles plastiques quant à lui, alimente la filière du plastique, dont la conception est à base de pétrole, et qui génère près de 87% des déchets que l’on retrouve dans la nature. Les lobbyistes des marques d’eau ont incité les français à penser que l’eau embouteillée était meilleure que celle du robinet, malgré les très nombreux contrôles de qualité effectués via les réseaux de distribution et sa gratuité.

Pourtant, l’usage de bouteilles en plastique génère qnaut à lui la présence de microplastiques, qui transitent ensuite dans notre corps. Ces mêmes bouteilles contiennent parfois aussi d’infimes quantités de polluants (type pesticide ou médicaments). Chaque semaine, nous absorberions ainsi, dû à l’usage croissant des plastiques et de leur dissémination dans la nature, l’équivalent d’une carte de crédit, via l’eau en bouteille comme du robinet.

De plus, le transport des bouteilles d’eau en plastique nécessite d’importants moyens de transport et d’acheminement jusque sur des points de vente isolés, donc avec une empreinte carbone importante rapportée à chaque unité de vente (bouteille). Pour les distributeurs, il s’agit de l’un des rares produits exposés à une concurrence de gratuité. Les distributeurs doivent redoubler d’efforts marketing pour rendre leurs produits attractifs, tout en réduisant les coûts de fabrication et de transport au minimum.

Cela revient à mettre toujours plus de plastique autour des emballages, car il s’agit d’un matériau très malléable, résistant, et à bas prix… pour accompagner de façon croissante la dissémination de leurs produits sur les marchés. D’après les études rassemblées dans les différentes ressources que vous trouverez dans cette note de synthèse, la consommation d’eau en bouteille reviendrait, malgré tous les efforts des distributeurs, au moins 100 fois plus chère que l’eau du robinet, sans compter l’impact environnemental accéléré par ce type de consommable.

 

      3. Perspectives pour la logistique

Les transporteurs et logisticiens sont directement impactés par les stratégies commerciales de ces distributeurs d’eau puisque les conditionnements et palettes filmées avec le moins de matériau possible (pour des raisons d’économies et de maîtrise du prix de vente) génèrent des risques de casse récurrents. Les packs de bouteilles d’eau restent pour autant des produits lourds et un risque d’accidentologie pour les opérateurs, tant dans l’entrepôt que lors des opérations de chargement / déchargement.

De plus, comme il s’agit d’un produit qui doit rester très compétitif face à la gratuité de l’eau au robinet, les marges des opérations de transport sont également souvent rognées lors des négociations avec les donneurs d’ordre.

Autre difficulté : le pic saisonnier de cette activité reste principalement la période estivale, où les quantités peuvent jusqu’à quintupler selon les zones géographiques et touristiques. Or c’est aussi la période des congés pour les conducteurs routiers. Le prépositionnement de stocks devient alors essentiel, ce qui implique des entrepôts conséquents et des capacités de distribution sur les derniers kilomètres qui se démultiplient.

Avec le réchauffement climatique, l’assèchement des lacs ou glaciers, l’épuisement des nappes phréatiques et la sur-sollicitation des eaux potables par le secteur agricole pour compenser ces difficultés et assurer leur production… il est probable que les pressions sur l’eau vont aller en s’acroissant.

De nombreuses améliorations ont été mises en place ces dernières années, avec des taux records d’expédition par voie ferroviaire pour plus de 50% des flux des plus grandes marques. Les industriels ont aussi améliorés leurs principes de fabrication en allégeant d’un quart des matériaux nécessaires leurs bouteilles en PET, et en choisissant de plus en plus des transporteurs répondant aux normes environnementales. Elles veillent aussi à limiter les retours à vide pour optimiser les flux logistiques.

Même si la France garde encore une marge de sécurité quant à la disponibilité de son eau potable, puisqu’elle est la première nation exportatrice mondiale (22% de sa production totale) ; il semble urgent de repenser notre besoin de consommer de l’eau en bouteille pour un usage plus raisonné et ciblé sur des situations qui le nécessitent explicitement. La réduction rapide des usages plastiques ainsi que des flux transport pour un produit qui par ailleurs existe à qualité équivalente et gratuit semble une piste plus que crédible pour réduire notre empreinte carbone dans les années à venir…

 

Définitions

PET : Le poly, plus connu sous le nom anglais de polyethylene terephthalate ou PET, est un polymère de type polyester saturé thermoplastique, par opposition aux polyesters thermodurcissables. Léger, durable, sûr et avec une empreinte carbone plus faible que d’autres matériaux, il représente le plastique le plus recyclable au monde.

 

Sources

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