Enseignement supérieur, Logistique, Transport
Projet Seine Escaut : une opportunité pour transformer la Logistique
Publié le
Ce second webinaire intitulé : Projet Seine Escaut : une opportunité pour transformer la logistique, s’est déroulé en présence de Nicolas Bour, Président ATIL Europe, Aménagement, Transport, Industrie, Logistique et a été animé par Antoine Beyer, Géographe des transports, Université Cergy Pontoise.
La liaison Seine-Escaut (ou liaison Seine-Nord Europe) est un projet initié il y a 60 ans qui a connu de nombreuses péripéties. Il vise à relier par un nouveau canal à grand gabarit le bassin versant de la Seine, et notamment l'agglomération parisienne, avec le réseau fluvial du Nord de la France et du Benelux. Pour cela, ce canal de 107 km doit relier l'Oise (au niveau de Compiègne dans l'Oise) au canal Dunkerque-Escaut (à Aubencheul-au-Bac) dans le Nord.
Ce grand chantier est copiloté entre régions et Etats, et bénéficie de financements croisés notamment européens.
Ce réseau permettra de relier les principaux centres industriels, logistiques et commerciaux du nord de l’Europe, avec comme objectifs :
- Transférer des trafics routiers moyenne et longue distance vers le rail et la voie d’eau
- Développer des hubs multimodaux industriels et logistiques
Ce projet s’intègre dans un projet européen plus vaste visant à constituer 9 corridors fluviaux inter-connectés entre eux avec des noeuds modaux qui joueront un rôle essentiel pour l’irrigation des tissus économiques et le développement de la logistique.
Comme pour le report modal ferroviaire, le report modal fluvial est un enjeu de transition écologique majeur
Le projet Seine-Escaut répond aux enjeux économiques et de développement durable portés par les politiques européennes et françaises. En effet, la nécessaire transition écologique appelle à transférer le trafic de la route vers d’autres modes de transport plus respectueux de l’environnement. Les voies navigables intérieures, offrent de nombreux avantages en matière de réduction de pollution, le transport fluvial étant par sa massification l’un des transports les moins émetteurs et consommateurs d’énergie. Le développement de nouvelles avancées technologiques (bateaux hybrides, électriques ou à hydrogène) le fait tendre vers l’un des modèles de transport les plus décarbonés.
Projet Seine Escaut : Une opportunité pour transformer le transport fluvial et la logistique
En parallèle de la modernisation et du développement du réseau fluvial, le cadre règlementaire et législatif de l’affrètement et les conditions d’accès à la profession ont été revus.
Le projet Multiregio
Afin de répondre au manque de cales sur le réseau actuel, et d’accompagner le développement du report fluvial pour les industries ayant des installations à proximité des voies d’eau ou envisageant de s’installer le long du tracé, le projet Multirégio constitue une innovation logistique multimodale de grand intérêt.
Ce projet, bâti en partenariat avec les collectivités et les industriels, vise à développer le transport fluvial et ferroviaire via une massification du transport de marchandises, avec pour objectif de proposer une offre logistique multimodale et intégrée permettant de se rendre d’un point A à un point B de façon décarbonée et compétitive.
Cette offre de solution logistique intégrée, traction fluviale/ passage portuaire/ pré- et post-acheminements, avec des de nouvelles cales flexibles et multi-lots, favorisera la démarche de mutualisation entre les chargeurs des principales filières industrielles.
Basée sur la participation d’actionnaires issus de secteurs d’activité tels que le BTP ou l’agroalimentaire (Axéréal, la coopérative agricole Noriap, Vinci et Eiffage), déjà fortement implantés autour du bassin, et utilisateurs de la voie d’eau, l’offre Multirégio s’appuiera sur l’engagement des chargeurs à générer des flux y compris sur les trajets retours en contrepartie de tarifs compétitifs et de services à prix négociés (- 25 % par rapport au prix actuel du transport par barge et tarifs négociés sur l’offre de services Multiregio).
Des innovations du côté des bateaux
Le fonctionnement de ces services ne peut se faire qu’avec des nouveaux bateaux plus légers que les gabarits Freycinet, et avec un moindre enfoncement. Pour cela, 20 barges de 500 tonnes doivent être construites dont 12 automotrices (45 mètres sur 5,70 mètres) et 8 non motorisées. Le premier navire doit être livré en janvier 2024.
Ces navires seront munis de moteurs diesels électriques fonctionnant aux biocarburants et disposeront d’un espace pour installer des batteries et un moteur à hydrogène. Cela signifie que pour être intégrés au réseau et être sélectionnés, les ports devront s’engager dans des installations basées sur les énergies renouvelables, et avoir de fortes capacités multimodales.
Une transformation de la culture professionnelle des bateliers et l’avènement d’un nouveau métier de « Pilote »
Les bateaux ne comporteront pas d’habitat à bord. Les automoteurs seront pilotés par une seule personne, relevée toutes les 8 à 10 heures aux écluses pour optimiser les coûts. Ces barges pourront s’accoupler ou se séparer facilement facilitant la diversification des marchandises transportées et le fret retour. Pour piloter ces embarcations, de nouvelles formations sont d’ores et déjà envisagées.
En conclusion
Pour Monsieur Bour, cet aménagement du réseau permettra d’accueillir d’ici 2030 un trafic européen de marchandises fluide et accru et de mettre en œuvre de manière durable un report modal efficace de la route vers la voie d’eau, tout en développant la multimodalité avec les autres modes de transport, notamment le rail.
En repositionnant ainsi le transport fluvial français de marchandises à une échelle européenne, Seine-Escaut s’imposera comme un réseau fluvial structurant du réseau européen de corridors multimodaux.
Pour aller plus loin :
https://alliance-seine-escaut.org/